Geoff Leigh & Yumi Hara
Upstream (2009)
(Moonjune Records) Enregistré par Yumi Hara
01 – Upstream
02 – The Mountain Laughs
03 – The Strait
04 – Stone of the Beach
05 – A Short Night
06 – At the Temple Gate
07 – Something About the Sky
08 – Dolphin Chase
09 – The Siren Returns
Impossible de ne pas penser au précédent disque de Yumi Hara enregistré avec Hugh Hopper (Humi sorti en 2008 chez Moonjune Records également) en découvrant ce nouvel album de la pianiste et improvisatrice japonaise, enregistré en compagnie de Geoff Leigh, saxophoniste et flûtiste de Henry Cow, groupe mythique et ambitieux de la scène Canterbury de la fin des années soixante-dix. Les deux musiciens construisent leur propos sur des bases communes mais ténues, faisant de cette collaboration plus un duel qu’un duo, entre provocation, défi et musique sans concession.
Geoff Leigh a ainsi pris la suite du patriarche Hopper disparu il y a peu ; et avec ses qualités, sa curiosité et son écoute, il propose à Yumi Hara d’autres horizons. Alors que rétrospectivement, Dune semblait empli de la colère sourde et désespérée du bassiste disparu, Geoff Leigh insuffle une certaine sérénité à ces compositions, et ce malgré les nombreuses aspérités dont elles regorgent. A la flûte, sans doute inspiré par son acolyte, Leigh verse dans une profondeur toute asiatique, évoquant l’ancestral et fascinant shakuhachi au point qu’une prestation dépourvue de tout accompagnement est à envisager sans inconvénient. Jouant de sa voix modulable à l’envie, Yumi Hara use aussi du legato et des grands aller-retours sur la gamme pour se lier au discours de son compère.
A ce duo fascinant viennent s’agréger bruitages, éclats de piano et improvisations diverses, un didgeridoo parfois, ou un saxophone dans les mains de Geoff Leigh, autant d'instruments bienvenus qui ne contraignent jamais la direction prise par le binôme. Contemplatif sans être exagérément agressif ou abstrait, Upstream est fait pour être écouté en pleine nature dans le vent ou le ressac, il vibre doucement au rythme d’un monde qui nous dépasse.
Mathieu Carré
Note : 7/10
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